Nouveaux regards sur l'émigration canadienne-française et la Franco-Américanie

Volume 65, 2-3, 2024

Articles

/ ÉRUDIT

Yves Frenette

L’étude de l’émigration canadienne-française et de la Franco-Américanie

INTRODUCTION

En 1964, Recherches sociographiques consacra un numéro thématique à l’émigration des Canadiens français aux États-Unis. Bien qu’il ne compte que trois textes, ce numéro est très important, car il marque d’une pierre blanche l’étude de l’exode massif des Canadiens français vers la république du Sud entre 1840 et 1930. Soixante ans plus tard, il a semblé opportun à Danielle Gauvreau et moi-même de souligner cet anniversaire...

Notices biographiques
Yves Frenette

Yves Frenette est titulaire de la Chaire de recherche du Canada de niveau 1 sur les migrations, les circulations et les communautés francophones à l’Université de Saint-Boniface. Ex-directeur du Centre de recherche en civilisation canadienne-française et de l’Institut d’études canadiennes, à l’Université d’Ottawa, Frenette a auparavant enseigné au Collège Glendon et à la Faculté des études supérieures de l’Université York, à Toronto. Il a aussi été professeur invité dans plusieurs universités européennes. Il a fait paraître quatre livres et quelque 250 chapitres et articles scientifiques. En outre, il a dirigé ou codirigé seize ouvrages collectifs, le dernier en date étant Déploiements canadiens-français et métis en Amérique du Nord (18e-20e siècle) (Les Presses de l'Université d'Ottawa, 2024), et sept numéros thématiques de revue. Frenette a réalisé le site web primé Francophonies canadiennes : identités culturelles. Il est présentement directeur du projet de partenariat « Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940) ».

Danielle Gauvreau, Marc Saint-Hilaire et Hélène Vézina

L’émigration canadienne-française aux États-Unis entre 1840 et 1930 : nouvel essai de mesure et de périodisation à l’échelle des régions

Soixante ans après la « prise de vue quantitative » de l’émigration canadienne-française aux États-Unis publiée par Gilles Paquet, où en sommes-nous quant à la mesure de ce phénomène? Après un bilan des textes parus depuis cette date, nous reconsidérons l’ampleur et la chronologie de l’émigration tout en cherchant à en cerner la dimension régionale au Québec. Nous tablons pour ce faire sur l’exploitation inédite de quatre ensembles de données : les données agrégées géoréférencées des recensements canadiens, les comptes complets des micro-données détaillées des recensements américains, les statistiques de frontière américaines ainsi que les mariages du Québec. Nous démontrons que les racines du phénomène plongent dans le deuxième quart du 19e siècle, d'abord dans le sud-ouest du Québec. L’exode atteint son apogée dans les décennies suivantes avant de se contracter en un mouvement de va-et-vient plus difficile à cerner durant le premier tiers du 20e siècle.
Mots-clés : Canada français; États-Unis; régions du Québec; 19e et 20e siècles; bases de données populationnelles; émigration
 

Notices biographiques
Danielle Gauvreau

Démographe spécialiste de l’histoire de la population du Québec, Danielle Gauvreau est professeure émérite du Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Concordia et membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises et du Partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940). Elle est l’auteure de nombreux articles et ouvrages, dont La fécondité des Québécoises, 1870-1970 (Boréal, 2007, avec D. Gervais et P. Gossage). Sa recherche porte depuis quelques années sur l’émigration canadienne-française aux États-Unis.

Marc Saint-Hilaire

Marc Saint-Hilaire était jusqu’à tout récemment professeur de géographie à l’Université Laval et co-directeur du CIEQ. Il est membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises et du Partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940). Sa recherche porte principalement sur la genèse des paysages du Nord-Est américain et des échanges de populations qui les ont façonnés. Il s’est aussi engagé dans le développement des bases de micro-données géoréférencées des populations québécoise et canadienne. Il a notamment codirigé, avec Yves Frenette et Étienne Rivard, l’ouvrage de la collection « Atlas historique du Québec » consacré à La francophonie nord-américaine (Presses de l’Université Laval, 2013).

Hélène Vézina

Hélène Vézina est professeure émérite au Département des sciences humaines et sociales de l’Université du Québec à Chicoutimi et membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises et du Partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940). Elle a été directrice du Projet BALSAC de 2010 à 2023. Son programme de recherche touche des problématiques de démographie historique et de génétique des populations dans un contexte multidisciplinaire. Elle a beaucoup travaillé sur la diversité génétique et démographique des populations régionales du Québec et sur les facteurs démohistoriques qui ont contribué à façonner cette diversité.

Danielle Gauvreau, Marie-Ève Harton, Hélène Vézina et Claude Leduc

Sociographie du mouvement d’émigration canadienne-française aux États-Unis : l’apport combiné des sources québécoises et américaines, 1850-1910

Malgré une littérature riche et diversifiée, l’étude du mouvement d’émigration canadienne-française vers les États-Unis aux 19e et 20e siècles comporte toujours plusieurs zones d’ombre. Cet article s’intéresse à l’une d’elles concernant la composition de ce mouvement, à partir du jumelage de données disponibles au lieu de départ et au lieu d’arrivée. Nous tirons d’abord profit d’un dictionnaire de patronymes canadiens-français utilisé avec les données des recensements américains de 1850 et 1880 et du fichier complet des microdonnées du recensement de 1910 pour tracer un portrait des migrants canadiens-français aux États-Unis. Nous jumelons ensuite ces données avec les mariages du Québec. L’analyse des données jumelées met en évidence la diffusion géographique du phénomène d’émigration à partir du sud-ouest du Québec vers d’autres régions à l’est et l’existence de corridors privilégiés entre des régions et certains États américains. Les cultivateurs ne sont pas surreprésentés parmi les migrants, mais les travailleurs, qualifiés ou non, le sont dans certaines régions. Ces résultats jettent un nouvel éclairage sur les explications de cet exode massif.  
Mots-clés : migration canadienne-française aux États-Unis; microdonnées des recensements américains; fichier BALSAC; données jumelées; origines géographiques; origines professionnelles
 

Notices biographiques
Danielle Gauvreau

Démographe spécialiste de l’histoire de la population du Québec, Danielle Gauvreau est professeure émérite du Département de sociologie et d’anthropologie de l’Université Concordia et membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises et du Partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940). Elle est l’auteure de nombreux articles et ouvrages, dont La fécondité des Québécoises, 1870-1970 (Boréal, 2007, avec D. Gervais et P. Gossage). Sa recherche porte depuis quelques années sur l’émigration canadienne-française aux États-Unis.

Marie-Ève Harton

Marie-Ève Harton est professeure au Département des sciences humaines à l’Université du Québec à Trois-Rivières, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire des dynamiques de population au Québec (19e et 20e siècles) et membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises et du Partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940). Ses travaux portent sur les transformations des différentes composantes populationnelles en contexte d’urbanisation et d’industrialisation.

Claude Leduc

Titulaire d’une maîtrise en sociologie à l’Université Concordia, Claude Leduc est présentement étudiant au doctorat en communication à l’Université du Québec à Montréal.

Hélène Vézina

Hélène Vézina est professeure émérite au Département des sciences humaines et sociales de l’Université du Québec à Chicoutimi et membre du Centre interuniversitaire d'études québécoises et du Partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord (1640-1940). Elle a été directrice de BALSAC de 2010 à 2023. Son programme de recherche touche des problématiques de démographie historique et de génétique des populations dans un contexte multidisciplinaire. Elle a beaucoup travaillé sur la diversité génétique et démographique des populations régionales du Québec et sur les facteurs démohistoriques qui ont contribué à façonner cette diversité.

Marielle Côté-Gendreau

Migrations canadiennes-françaises au 19e siècle : un exemple de jumelage censitaire transnational

Cet article a pour but d’illustrer l’utilité des méthodes de jumelage automatique pour l’étude des migrations canadiennes-françaises au Canada et aux États-Unis. Il détaille la construction d’un échantillon longitudinal géolocalisé de près de 30 000 hommes catholiques du Québec issu du jumelage des recensements canadiens et américains de 1850-1852 et 1880-1881. Cet échantillon offre la possibilité de répondre à de nombreuses questions tant sur la composition de la diaspora canadienne-française que sur les flux migratoires internes au Québec. Un arrimage entre l’échantillon, qui est composé de migrants et de non-migrants, et les données censitaires agricoles agrégées suggère une association négative entre la prospérité agricole de la communauté d’origine et la propension à migrer.
Mots-clés : migration; démographie historique; 19e siècle; Canadiens français; recensements; jumelage automatique; agriculture
 

Notices biographiques
Marielle Côté-Gendreau

Marielle Côté-Gendreau est candidate au doctorat en démographie et politique publique à l’Université de Princeton, au New Jersey. Ses travaux de recherche actuels portent sur la sélection et les déterminants des migrations canadiennes-françaises à travers le Canada et les États-Unis. Elle s’est aussi intéressée aux dimensions sociales, raciales et géographiques de la mortalité infantile contemporaine aux États-Unis. Son dernier article, « Geographic heterogeneity in Black-white infant mortality disparities », est paru dans la revue Frontiers in Public Health en 2022.

Sarah Hurlburt

Louise Couture : une Canadienne française en Californie, 1860-1870

Les lettres de Louise Couture (1837-1916) conservées dans le Fonds Famille Landry 1826-1975 aux Archives nationales à Montréal racontent l’histoire d’une jeune Canadienne française qui décide d’épouser un marchand participant à la ruée vers l’or en Californie pour obtenir de l’argent à l’intention de sa famille. Une lecture attentive de la correspondance de cette femme avec les siens et des siens entre eux permet de découvrir une pratique « genrée » du transfert de fonds dans laquelle Louise, qui cherche à renflouer les finances défaillantes de sa famille restée au Québec, navigue entre les restrictions imposées par le mariage et celles de la classe sociale. Faisant appel au cadre théorique de l’« espace-ressources » et de l’« espace investi » de Rosental, l’analyse ajoute une perspective microhistorique et une dimension « genrée » aux récentes recherches démographiques sur les Canadiens 
français dans l’Ouest à la fin du 19e siècle. 
Mots-clés : transfert monétaire; correspondance; migration; éducation; ruée vers l’or; mariage; veuvage
 

Notices biographiques
Sarah Hurlburt

Sarah Hurlburt, professeure au Whitman College, s’appuie tant sur sa formation littéraire que sur des travaux généalogiques pour analyser les réseaux intimes, familiaux et communautaires des scripteurs de lettres franco-américains au tournant du 20e siècle. Par le biais d’une approche micro-historique, ses travaux visent à interpréter les frontières et pratiques identitaires de la diaspora franco-canadienne dans l’ouest des États-Unis, en ciblant particulièrement le rôle joué par les femmes canadiennes-françaises. Elle est également active dans l’organisation Frenchtown Historical Foundation, dont elle est membre du comité exécutif depuis 2014 ; ses travaux archivistiques réunissent descendants et étudiants dans l’exploration et la documentation de l’histoire franco-métisse de la région.

Phyllis LeBlanc

Expérience de la migration chez un groupe de femmes célibataires d’origine française de l’Île-du-Prince-Édouard, 1906-1940

Cet article est une contribution à l’histoire des mouvements migratoires des Maritimes de la fin du 19e et du début du 20e siècle. Nous examinons l’expérience de la mobilité chez les femmes célibataires d’origine française de l’Île-du-Prince-Édouard dans la période de 1906 à 1940. En adoptant une approche macro-historique, l’étude met à profit les données des fiches frontalières du poste frontalier de Vanceboro, Maine pour comprendre la portée du phénomène et les comportements de ces femmes célibataires qui font l’expérience de la mobilité régionale, au sein des Maritimes, ou transnationale, aux États-Unis.  L’étude confirme la présence des réseaux parentaux constitués en grande partie de femmes, qui accueillent ces immigrantes aux États-Unis. Leur présence explique les phénomènes de regroupement de ces émigrantes dans un nombre très restreint de communautés et de comtés du Maine et du Massachusetts.
Mots-clés : mouvements migratoires; femmes; célibataires; réseaux de famille; regroupements
 

Notices biographiques
Phyllis E. LeBlanc

Phyllis E. LeBlanc est professeure titulaire au Département d’histoire et de géographie de l’Université de Moncton, campus de Moncton. Ses recherches récentes portent sur les phénomènes migratoires concernant les femmes célibataires, ainsi que sur les lacunes historiographiques relatifs aux femmes acadiennes. Sa plus récente contribution (2023) s’intitule « Femmes et archives : une approche auto-ethnographique », Port-Acadie : Revue interdisciplinaire en études acadiennes, n° 36-37, p. 15-33.

Clint Bruce, Carmen d’Entremont et Cody Donaldson

Partir pour mieux revenir? L’identité acadienne à l’épreuve des migrations circulaires entre la région de Par-en-Bas dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et les villes d’accueil en Nouvelle-Angleterre

Pas moins que l’exode de la population canadienne-française vers les États-Unis, l’émigration acadienne depuis les Provinces maritimes vers la Nouvelle-Angleterre, entre le milieu du 19e siècle et la Grande Dépression, constitue une phase majeure de l’évolution de l’Acadie moderne. Afin de cerner les spécificités de cette diaspora, nous nous intéressons aux mobilités circulaires entre la région de Par-en-Bas, au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, et les villes d’accueil du Massachusetts. Sous l’angle des migrations transnationales, nous examinons, dans un premier temps, deux études de cas multigénérationnelles, et ensuite, pour comprendre la persistance identitaire, des témoignages de descendants de migrants.  
Mots-clés : Acadie; migration transnationale; diaspora; mobilité; identité culturelle; ethnicité; Nouvelle-Écosse
 

Notices biographiques
Clint Bruce

Clint Bruce est titulaire de la Chaire de recherche en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT) à l’Université Sainte-Anne en Nouvelle-Écosse (Canada), où il est également directeur de l’Observatoire Nord/Sud et professeur agrégé au Département des sciences humaines. Ses recherches portent sur la diaspora acadienne, sur la culture créole en Louisiane et sur le monde atlantique francophone. Originaire du nord de la Louisiane, il possède un doctorat de l’Université Brown (Providence, États-Unis). Son livre Afro-Creole Poetry in French from Louisiana’s Radical Civil War-Era Newspapers: A Bilingual Edition (The Historic New Orleans Collection), a remporté le prix Lois-Roth 2021 pour la traduction littéraire, décerné par la Modern Language Association.

Carmen d’Entremont

Carmen d’Entremont est associée de recherche auprès de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT). Elle a obtenu un doctorat en études littéraires et effectué un postdoctorat dans le cadre du projet de partenariat Trois siècles de migrations francophones en Amérique du Nord, 1640-1940, dirigé par Yves Frenette. Ses recherches sur les migrations circulaires entre le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse et la Nouvelle-Angleterre ont donné lieu à quelques publications, dont un chapitre dans l’ouvrage collectif Repenser l’Acadie dans le monde : études comparées, études transnationales (sous la direction de Clint Bruce et Gregory Kennedy, à paraître chez McGill-Queen’s University Press), intitulé « “That’s where the roots are” : acadianité et sentiment d’appartenance dans le discours d’immigrantes et d’immigrants d’origine acadienne en Nouvelle-Angleterre ».

Cody Donaldson

Diplômé d’un B.A./B.Éd de l’Université Sainte-Anne en 2019, Cody Donaldson enseigne au niveau secondaire dans le Conseil scolaire acadien provincial en Nouvelle-Écosse. Actuellement candidat à la maîtrise ès arts en cultures et espaces francophones à Sainte-Anne, il a fait partie, de 2016 à 2019, de l’équipe de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et transnationales (CRÉAcT). Depuis l’été 2016, il signe des articles dans le bulletin trimestriel The Argus de l’Argyle Municipality Historical & Genealogical Society. Ses intérêts de recherche portent principalement sur l’histoire régionale et les liens transnationaux dans les communautés acadiennes du sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.

Leslie Choquette

Aram J. Pothier à Paris en 1889 et 1900. L’identité franco-américaine d’un futur gouverneur et de sa femme française

Aram J. Pothier (1854-1928), premier Franco-Américain à occuper le poste de gouverneur, est un personnage controversé dans sa communauté franco-américaine du Rhode Island. Est-il un Canadien français modèle ou un lâche « assimilateur »? La presse francophone de l’époque est divisée sur ce point. Cet article essaie de mieux comprendre l’identité franco-américaine du futur gouverneur à la lumière de sa correspondance et de ses choix 
privés. En 1889, commissaire du Rhode Island à l’Exposition universelle de Paris, Pothier écrit vingt lettres à son frère Joseph, qui sont riches d’enseignements du point de vue linguistique et identitaire. La correspondance de Pothier lorsqu’il revient à Paris pour l’Exposition universelle de 1900 n’a pas été conservée, mais c’est à cette occasion qu’il fait la connaissance de sa future épouse, la Française « Françoise de Charmigny ». Cette histoire privée d’Aram Pothier révèle un homme – voire un couple – imbu du rêve américain d’enrichissement personnel et de promotion sociale, mais nullement tenté par l’assimilation. Pothier ne renie jamais l’idéologie de la survivance basée sur la langue, la religion et les traditions françaises. Pourtant, dans sa nouvelle identité à trait d’union, la référence nationale française, symbolisée par son choix d’épouser une Parisienne, remplace en grande partie la référence canadienne. En fin de compte, Aram J. Pothier n’est ni l’homme idéal conçu par les idéologues de la survivance ni un aspirant Yankee. Il réussit à forger sa propre identité franco-américaine en se servant du prestige culturel dont jouit la république sœur aux États-Unis, en alliance avec sa femme française, actrice prête à s’inventer elle aussi un nouveau personnage.
Mots-clefs : Aram J. Pothier; Françoise de Charmigny; Franco-Américains; migrations; rêve américain; assimilation; idéologie de la survivance; concept de la référence nationale; Woonsocket; Paris; Expositions universelles (1889, 1900)
 

Notices biographiques
Leslie Choquette

Leslie Choquette est professeure d’histoire et directrice de l’Institut français à Assumption University (Worcester, MA). Historienne de la France et des Francophones en Amérique du Nord, elle est l’autrice du livre De Français à paysans. Modernité et tradition dans le peuplement du Canada français (Septentrion et Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1997) et de nombreux articles scientifiques sur la Nouvelle-France et la Franco-Américanie.

Patrick Lacroix

S’unir et survivre : genèse de l’organisation communautaire des Canadiens français aux États-Unis (1838-1861)

La guerre de Sécession (1861-1865) sert de point de départ à de nombreux ouvrages d’histoire franco-américaine. Or, le récit franco-américain qui nous est familier dissimule le processus d’organisation communautaire et l’établissement d’institutions canadiennes-françaises aux États-Unis dans les années 1840 et 1850. Dans le Vermont et, surtout, l’État de New York, soutenus par une population migrante en pleine croissance, des curés et des « missionnaires » laïcs contribuent à la construction d’une conscience ethnique qui, lorsque les conditions le permettent, se manifeste par des 
paroisses nationales, des associations culturelles et des rassemblements politiques. Si de telles démarches succombent souvent à la mobilité des familles migrantes et à leurs faibles moyens, elles annoncent l’organisation d’une vie franco-américaine mieux connue en périphérie de Boston.
Mots-clefs : Joseph Napoléon Cadieux (1834-1912); Jacques Edmond Dorion (1827-1889); émigration québécoise; État de New York; Franco-Américains; Vermont
 

Notices biographiques
Patrick Lacroix

Né à Cowansville, au Québec, Patrick Lacroix est directeur des Archives acadiennes à Fort Kent, Maine, depuis 2021. Il a étudié aux universités Bishop's et Brock puis à la University of New Hampshire, où il fut le récipiendaire d'une bourse Fulbright. Il a obtenu son doctorat en 2017. Il a enseigné l'histoire en Ontario, au New Hampshire, au Québec et en Nouvelle-Écosse. M. Lacroix est l'auteur de John F. Kennedy and the Politics of Faith (Cambridge University Press, 2021) et « Tout nous serait possible » : Une histoire politique des Franco-Américains, 1874-1945 (Presses de l’Université Laval, 2021). Les résultats de ses recherches en histoire franco-américaine ont été notamment publiés dans la Revue d'histoire de l'Amérique française et dans l'American Review of Canadian Studies.

Sarah Fayen Scarlett, Don Lafreniere et Garand Spikberg

Travail et migrations des francophones de la péninsule industrielle de Keweenaw, au Michigan

En s’appuyant sur des travaux antérieurs concernant les migrations canadiennes-françaises au Michigan lors de la période industrielle, la présente étude analyse l’évolution de la main-d’œuvre francophone au fil du temps dans l’une des premières et des plus vastes régions minières des États-Unis. Elle examine un échantillon de francophones des comtés de Houghton et de Keweenaw, au Michigan, catégorisés à partir des recensements américains de 1870 à 1940. L’échantillon comporte de multiples sous-catégories, ce qui permet des définitions nuancées des francophones et des Canadiens français et facilite l’analyse de l’évolution de l’activité professionnelle sur deux générations et de l’émigration au début de la désindustrialisation. Dans l’ensemble, les résultats indiquent que les francophones ont acquis des compétences dans l’industrie minière du cuivre de la région, compétences que certains ont transférées dans d’autres régions industrielles avec le temps. 
Mots-clés : systèmes d’information géographique (SIG); patrimoine industriel; humanités spatiales; migration; histoire des Canadiens français; démographie historique; Michigan

Notices biographiques
Don Lafreniere

Don Lafreniere est professeur titulaire de géographie et spécialiste des SIG, qu’il utilise pour recréer les cadres industriels du passé et spatialiser les populations. Il a publié de nombreux articles sur des sujets tels que la mobilité sociale au 19e siècle, la ségrégation et la vie quotidienne dans les villes industrielles. Ses travaux récents portent sur la création de solutions technologiques en vue de la préservation et l’interprétation du patrimoine industriel à partir de méthodes géospatiales pour créer un avenir plus durable dans les villes industrielles de la Rust Belt. Sa dernière publication, parue dans la revue Health & Place, s’intitule « Built and Social Indicators for Hazards in Children’s Environments ».

Sarah Fayen Scarlett

Sarah Fayen Scarlett est professeure agrégée d’histoire au Département des sciences sociales de la Michigan Technological University. Elle s’intéresse aux politiques concernant le cadre bâti aux États-Unis tout au long de l’industrialisation, du 18e siècle à nos jours. Dans ses recherches et sa pratique de l’histoire publique, elle a recours à l’analyse de la culture matérielle et des paysages culturels, ainsi qu’à des SIG (systèmes d’information géographique) historiques. Son récent ouvrage intitulé Company Suburbs: Architecture, Power, and the Transformation of Michigan’s Mining Frontier (University of Tennessee Press, 2021) a été récompensé par le Vernacular Architecture Forum ainsi que par l’International Society for Landscape, Place, and Material Culture.

Garand Spikberg

Garand Spikberg est ingénieur SIG chez Datastory et ancien analyste SIG à la Geospatial Research Facility de la Michigan Technological University. Il est titulaire d’une maîtrise en patrimoine industriel et archéologie de la Michigan Tech.

Evan Roberts

La ségrégation résidentielle de la population canadienne aux États-Unis, 1880-1930

Près d’un million de Canadiens français vivaient aux États-Unis au début du 20e siècle. Dans certaines régions, comme la Nouvelle-Angleterre, ils formaient des communautés distinctes. Ailleurs, ils constituaient une petite partie de la population diversifiée du nord des États-Unis. Savoir si les groupes d’immigrants habitent près des leurs ou près des Américains de naissance constitue un indicateur important de l’intégration sociale dans la population locale. Les Canadiens vivant aux États-Unis représentent une population intéressante à étudier du point de vue de la ségrégation résidentielle. Les immigrants, tant francophones qu’anglophones, ont migré sur des distances relativement courtes depuis le Canada. Mais des différences quant à leurs aptitudes linguistiques ont donné à ces groupes des raisons différentes de résider ou non près de voisins anglophones. Les constats relatifs à la résidence des migrants canadiens-français et canadiens-anglais aux États-Unis mettent en évidence des divergences dans l’intensité du lien avec les Américains nés au pays. Le profil résidentiel des francophones revêtait un caractère distinctif dans les régions comptant d’importantes populations d’immigrants canadiens. À l’échelle du pays, cependant, et comparativement aux autres « nouveaux immigrants » venus d’Europe, les Canadiens apparaissaient comme intégrés sur le plan résidentiel. 
Mots-clés : ségrégation résidentielle; immigrants; langue; Canadiens français aux États-Unis; Canadiens anglais aux États-Unis; recensements des États-Unis; petits Canadas
 

Notices biographiques
Evan Roberts

Evan Roberts est professeur adjoint à l’Université du Minnesota, où il enseigne dans les Programmes d’histoire de la médecine et d’études des populations. Ses intérêts de recherche portent sur la démographie de la famille, le travail des femmes et les questions de santé et de mortalité, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, depuis le milieu du 19e siècle. Il s’intéresse depuis peu au développement de méthodes de crowdsourcing et à la science participative en sciences sociales. Les résultats de ses travaux récents ont été publiés dans un éventail de revues incluant Demography, Explorations in Economic History, History of the Family, Social Science and Medicine et Journal of Economic History. Il est membre du comité de rédaction de la revue History of the Family.

Pierre Lavoie et Sandria P. Bouliane

Se mettre à l’écoute de l’histoire. Circulation et commercialisation des sons chez les francophones de la Nouvelle-Angleterre (1913-1925)

Cet article au caractère programmatique donne l’occasion à l’auteur et à l’autrice de présenter un état de la question sur les études portant sur la vie musicale franco-américaine, ainsi qu’un cadre théorique d’histoire culturelle transnationale s’appliquant aux pratiques, aux produits et aux acteurs et actrices des industries culturelles francophones du Nord-Est américain. Ce cadre est ensuite appliqué à une première étude de cas sommaire portant sur deux compagnies établies dans le Massachusetts au cours des années 1910 et 1920 : 1) les éditions E. L. Turcot, fondées par Edmour Louis Turcotte à Lowell en 1913; 2) et La Patrie Disc Français, fondée vers 1919-1921 par Joseph David Noël à Lawrence. Leur exemple permet d’illustrer le caractère transnational et circulatoire, plutôt que national et diffusionniste, de la commercialisation des sons chez les francophones du Québec et de la Nouvelle-Angleterre au début du 20e siècle.
Mots-clés : vie musicale; industrie culturelle; histoire transnationale; francophones; Québec; Nouvelle-Angleterre; musique en feuilles; enregistrement sonore
 

Notices biographiques
Sandria P. Bouliane

Sandria P. Bouliane est professeure agrégée de musicologie à la Faculté de musique de l’Université Laval et spécialiste de l’histoire de la musique au Québec. Son approche interdisciplinaire fait des ponts entre l’histoire de la chanson, de la presse, du cinéma et du théâtre dans une perspective de décloisonnement des genres musicaux. Elle s’intéresse particulièrement aux échanges interculturels entre le Québec et les États-Unis, à la traduction des œuvres, à la migration des musiciennes et musiciens et à l’histoire des supports et médias musicaux.

Pierre Lavoie

Pierre Lavoie est historien, professeur au département des sciences humaines de l’Université du Québec à Trois-Rivières et membre du Centre interuniversitaire d’études québécoises. Il se spécialise en histoire culturelle transnationale du Québec et des francophonies nord-américaines. Ses travaux portent notamment sur les relations entre célébrité et identification collective, ainsi que sur la circulation des artistes, des pratiques et des produits associés à la culture populaire. Il participe fréquemment à des émissions de la chaîne Ici Radio-Canada Première. Son premier ouvrage, Mille après mille. Célébrité et migrations dans le Nord-Est américain est paru aux Éditions du Boréal en 2022.

Notes de recherche

/ ÉRUDIT

Susan Pinette

« Beau-frog » : une lacune dans l’histoire des Franco-Américains

Peter Archambault, un artiste franco-américain, s’est impliqué dans le Centre franco-américain de l’Université du Maine pendant les années soixante-dix et quatre-vingt. Fondé en 1972, le Centre avait pour objectif de représenter les communautés franco-américaines, notamment en publiant un mensuel, Le F.A.R.O.G. Forum (Franco-American Resource Opportunity Group). Archambault a travaillé comme dessinateur au F.A.R.O.G. Forum pendant une dizaine d’années, ses dessins constituent un corpus varié et complexe. On y trouve notamment « Beau-frog », une grenouille qui se fait porte-parole de la communauté franco-américaine. Cet article s’appuie sur les dessins de Peter Archambault pour offrir un instantané de la communauté franco-américaine à l’époque peu étudiée des années 1980.
Mots-clés : Franco-Américains; années 1980; bandes dessinées; caricatures; Peter Archambault; État du Maine, États-Unis, F.A.R.O.G. Forum

 

Notices biographiques
Susan Pinette

Susan Pinette est née et a grandi dans le Maine au sein d'une grande famille franco-américaine. Elle a obtenu son doctorat à l'University of California, campus d’Irvine. Elle est professeure de langues et littératures modernes et directrice du Centre franco-américain de l’Université du Maine. Ses recherches portent sur les spécificités de la littérature franco-américaine contemporaine, dont elles font valoir la pertinence dans des domaines plus larges. Elle œuvre actuellement avec d'autres chercheurs et archivistes à développer un portail web des archives franco-américaines (FADA/PFA : Franco American Digital Archive/Portail franco- américain). Comme membre de cette équipe, elle vient d’obtenir une subvention du National Endowment for the Humanities pour un projet visant à numériser près de 35 000 documents et manuscrits franco-américains, dont les dessins de Peter Archambault.